Colloque international « E-réputation et traces numériques : Dimensions instrumentales et enjeux de société »
Le 22 et 23 mars 2013 se tenait à Toulouse, le premier colloque international sur l’e-réputation et les traces numériques. Etant moi même sur Toulouse et suivant actuellement la formation de Community Manager à l’EMWEB, je ne pouvais pas laisser passer l’occasion d’aller assister à cet événement au sommet.
Un ou deux mails et une inscription plus tard, je me retrouve donc assis dans l’amphithéâtre où se déroulent l’ouverture et la première partie de la journée. Nous sommes un peu plus de 200 dans l’amphi, dont 99,9% sont équipés d’un ordinateur portable, d’une tablette ou d’un Smartphone (le numérique est bien là, c’est sûr !), les codes d’accès au wifi sont fournis dans le kit de bienvenue et certains, qui sont aussi intervenants sur les ateliers de l’après midi et du lendemain, terminent les ajustements de leur présentation. Comme la plupart des auditeurs sont également des professionnels, « Tweetdeck » fonctionne à plein régime !
Une fois les présentations et remerciements effectués, les festivités commencent par une séance plénière qui dure toute la matinée, puis se poursuivent par de nombreux ateliers parallèles, en comités plus restreints sur des sujets prédéfinis pour les deux demi-journées suivantes.
Bien que je ne puisse pas faire un résumé complet de tout ce que j’ai pu entendre ou lire durant ces deux journées, je me suis dis qu’il serait peut être plus simple de lister pêle-mêle, les informations qui me paraissent pertinentes à partager. Aussi, avant de devoir rendre à César ce qui lui appartient, je précise bien entendu, que toutes ces informations ne sont (malheureusement…) pas de moi. Certaines sont également volontairement vulgarisées :
– L’e-réputation a vu le jour avec les premières communautés du web, à savoir les communautés de jeux MMORPG, la création d’avatars sur les forums et par la suite, sur les comptes de réseaux sociaux.
– Cette e-reputation est valable sur tous les sujets (transversale).
– Le fait de devoir continuellement remplir des formulaires d’inscription en ligne quel que soit le site, amène une traçabilité toujours plus grandissante et inévitable. Il a été demandé à une intervenante voulant faire preuve de civisme sur un site dédié (type objets trouvés), un nombre incalculable de données personnelles (adresse, mail, téléphone…). Elle a fini par abandonner.
– On assiste à une marchandisation des traces numériques, elles sont exploitées et de plus en plus monétisées.
– L’e-réputation de chacun se créée dans une imbrication d’actions et d’acteurs. Par exemple, un internaute, qui tweete ou recommande un article de blog participe au développement de l’e-reputation de ce blog, mais devient également à son tour « e-réputé » de par ses choix de tweets et de recommandations. Il se crée alors une identité digitale propre, composée de ses informations personnelles mises en ligne, ses goûts, ses recommandations….
– La menace brandie par les technophobes de « l’internaute autiste et renfermé » il y a quelques années laisse place à une réelle sociabilisation de l’internet (réseaux sociaux, communautés…)
– Dans les relations digitales, pour aller de la « Visibilité » à la « Confiance » il faut un savant mélange de :
o Notoriété
o Popularité
o Crédibilité
o Influence
o Autorité
– Différence d’approche entre Etats-Unis et Europe sur le numérique :
o Aux Etats-Unis, le cyberespace est considéré comme un espace d’opportunité, alors qu’en Europe il est considéré comme un espace où l’on perd le contrôle de ses données.
o Aux Etats-Unis, il est légitime de partager des informations sur une personne alors qu’en Europe il y a une forte protection des données personnelles.
o Dans l’inconscient collectif, aux Etats-Unis, la liberté est menacée par l’État alors qu’en Europe, la liberté est menacée par les médias de masse. Ce qui explique que les Américains font plus facilement confiance aux entreprises, même si elles collectent abondamment leurs données personnelles (Google, Facebook…), qu’a l’État.
– On assiste à une personnalisation des profils digitaux (tout est public et tout est personnel à la fois)
– Il y a différents courants concernant le droit à l’oubli. Certains trouvent normal qu’on puisse effacer des données considérées comme néfastes, alors que d’autres y sont complètement hostiles sur un principe de « conservation historique ». Il est vrai qu’on trouverait étrange qu’une part des écrits de l’histoire du Moyen Âge ait été supprimée sous prétexte qu’elle n’est pas favorable à untel ou untel… La question reste en tout cas grandement ouverte.
– Une question est également revenue régulièrement : les sites sont-ils propriétaires des données personnelles qu’ils détiennent, ou en ont-ils simplement un « droit d’utilisation » ? Les conditions générales étant régulièrement modifiées et rarement lues entièrement, rien ne semble vraiment tranché à ce sujet.
– Une crise « réputationnelle » sur Internet s’essoufflera plus rapidement, si elle n’est pas relayée par les médias de masses traditionnels (radio, télé, presse…).
– Il y a une crise dans les médias sociaux lorsque la communication bidirectionnelle devient asymétrique et déséquilibre la balance de pouvoir.
– Une étude canadienne a montré que le mot d’ordre pour les animateurs de communautés (Community Manager) interrogés était : la fiabilité.
« Pour une communauté solide, il faut une confiance absolue envers le Community Manager »
– Sur Twitter, la construction de la notoriété se fait plus sur la curation et le relais de cette dernière que sur la création de contenu.
– ………..
Je pourrais continuer de cette manière très longtemps tant les présentations ont été instructives, riches d’exemples et les échanges passionnants. Néanmoins, je suis également un peu à court de notes…
Quoi qu’il en soit, les intervenants que j’ai pu suivre durant ces deux jours ont tous été extrêmement intéressants. Une des raisons principales à cela a été que de nombreuses nationalités étaient représentées dans ce colloque (Canada, Espagne, Brésil…), ce qui a permis une ouverture d’horizon en matière de digital, mais aussi grâce au fait que les thèmes abordés, bien que tous liés au monde du numérique, aient été abordés de manière très différentes les uns des autres (allant de l’approche juridique au droit à l’oubli des informations numériques en passant par l’activisme « on line » ou encore les réseaux sociaux internes aux entreprises…)
En conclusion, ce premier contact avec le monde numérique m’a été très bénéfique et ce à plusieurs titres.
Tout d’abord pour la mine d’informations qui y a été développée tout au long de ce colloque mais également pour les échanges moins consensuels durant les repas, avec les acteurs de ce colloque, les discussions, les points de vue, les conseils, les questions… En somme, le côté collaboratif du web 2.0 mais dans un contexte bien réel.
Alexandre (@Alkshander)